De la rue à la galerie et vice-versa !

Rencontre avec Treize Bis, artiste plasticien de rue, qui a récemment exposé ses œuvres en galerie. L’occasion de l’interroger sur ce rapport parfois complexe entre la rue et la galerie.

Les artistes de rue et la galerie, vaste et parfois douloureux sujet. Treize bis artiste plasticien dont les collages noirs et blancs disséminent dans la rue des touches de poésie, s’est aussi posé cette question avant de passer le cap de la galerie. «  J’avais peur de perdre la charge émotionnelle que l’on trouve dans l’espace public, le in situ est tellement important dans mon travail, j’aime surprendre les passants, travailler sur la mémoire du lieu, sur des murs anciens. » explique l’artiste qui refuse de dévoiler son identité.

Pour respecter cet anonymat et ce jeu autour de l’identité, tout sera écrit ici de façon neutre, ou plutôt au masculin. « Pour qu’une oeuvre soit forte, elle ne doit pas tout dire. Certaines choses doivent rester en suspend et permettre au spectateur de se projeter. » dit celui qui qualifie son art d’énigmatique.

De la rue au cabinet de curiosité

En février dernier, la galerie Obrose dans le 11ème arrondissement de Paris exposait les œuvres du plasticien, une façon pour celui-ci de revisiter son travail. Son concept est de la récupération d’images qu’il trouve par différents biais : vraies photos, cartes postales, gravures anciennes, reproduction de gravures dans des livres, récupération d’images sur le net…

« C’est la composition qui fait l’oeuvre mais aussi la sur-dimension ainsi que le contexte de la rue. Pour la galerie, j’ai choisi de proposer un objet unique avec des cadres que j’ai chinés un à un. On est plus dans l’intime dans une sorte de cabinet de curiosité » considère-t-il. Alors que dans la rue tout n’est que collage souvent de corps de femmes recomposés, l’artiste a utilisé la peinture pour ces œuvres pérennes en galerie. « Je suis en plein passage, en mutation.» confie celui qui s’interroge sans cesse sur sa condition d’artiste.

Treize bis est titulaire d’une maîtrise d’arts plastiques. Ayant perdu son atelier faute de moyens, ses œuvres ont été disséminées. « Alors je suis allé dans la rue. Le street art m’a permis d’être vu et reconnu. Et c’est la rue qui m’amène à la galerie. » considère-t-il. Et ne reste alors que l’art, qui quelque soit le support, magnifie ici souvent le corps des femmes, dans une iconographie élégante, poétique et onirique.

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