Reza, la photo s’expose aussi dans la rue

La photo de rue consiste aussi à coller des photos sur les murs de la ville. Reza, photojournaliste d’origine iranienne, a toujours eu envie de montrer son travail en posant ses clichés dans la rue… Jusqu’à la prison. Rencontre avec un photographe passionné.

Capture d’écran 2015-02-28 à 19.31.19
Enfants afghans pendant l’occupation russe
@REZA

« Et vous pensez quoi de la photographie exposée dans la rue ? » Reza, photojournaliste de renommée internationale, a marqué un temps d’arrêt puis a dit : « Il faut qu’on aille 40 ans en arrière. Car dès que j’ai commencé la photo, j’ai eu envie de montrer mon travail dans la rue» Alors, nous voilà partis dans l’Iran des années 70, sous le règne du Chah, quand Reza était étudiant en Architecture. Il circule alors dans les banlieues de Téhéran et dans d’autres villes du pays et photographie la misère de ses compatriotes. Il a installé un petit laboratoire dans sa maison, tire puis colle les photos, de format 16×21, sur les murs de la fac.

Jeu dangereux « Dans un pays où l’image est contrôlée par le pouvoir, les gens ne savent pas ce qui se passe de l’autre côté de la ville. Ces photos sur les murs de l’université étaient une sorte de tract politique visuel. » explique cet homme au regard chaleureux.

IMG_5208Peu à peu, il se prend au jeu, aime regarder incognito la foule qui s’interroge sur l’identité du colleur d’affiche. Systématiquement la police arrache ses photos. « J‘avais de plus en plus de courage mais je savais que c’était dangereux. » Il continue plusieurs années, jusqu’à son arrestation. Les cinq premiers mois d’emprisonnement, il est torturé tous les jours. « La police pensait que j’étais à la tête d’une conspiration. Je suis resté en prison de l’âge de 22 à 25 ans. »

A sa sortie, la révolution fait rage. Il décide alors de devenir photographe et devient correspondant de guerre pour les agences Sipa Press à Paris et Newsweek aux Etats-Unis. A force de témoigner des exactions de la République Islamique d’Iran, il doit fuir son pays en 1981 et rejoint la France et les hauteurs de Belleville où il vit et travaille encore aujourd’hui. Depuis plus de 30 ans, Reza arpente le monde de conflits, en révolutions et autres catastrophes humaines et connaît que trop bien le chaos de la guerre. Il travaille pour de nombreux magazines dont le National Geographic.

Des liens extraordinaires

IMG_5197
Reza, en juillet 2014,
à Paris.

La photographie est, pour lui, un langage universel qui crée des liens extraordinaires  et donne des émotions aux gens. Au delà de ses actions humanitaires comme en Afghanistan, ou récemment dans les camps de réfugiés syriens, il forme des jeunes de banlieue à la photo, qui est « un outil pour s’ouvrir à la société, aller à la rencontre de l’autre et raconter des histoires. » Il se décrit comme un conteur qui aime trouver « le récit du monde dans les visages des hommes, femmes et enfants qu’il photographie. » Si ses portraits sont si forts, c’est qu’il essaie de capter l’âme de celui qui est dans le viseur. « Quand je sens qu’une personne me fait confiance, j’y vais ! J’ai tellement envie de connaître les gens, qu’ils sentent que je suis là pour eux.» confie ce témoin du monde.

Une photo collée par le collectif Dysturb
Photo Maria Spera
@mariaspera

Reza n’a pas oublié la rue comme terrain d’exposition de ses photos. Depuis 2003, et les grilles du Luxembourg, il montre régulièrement ses clichés aux passants des villes du monde entier. Alors quand des photojournalistes sous le nom de #Dysturb ont commencé à coller, sur les murs de Paris et d’ailleurs, leurs photos pour alerter les consciences sur l’état du monde, il s’est dit «Je connais ça. J’ai fait 3 ans de prison il y a 40 ans pour lancer le Dysturb iranien!»

Visites virtuelles de certaines des expositions passées de Reza dans l’espace public

Entre guerre et paix Mémorial – Caen, Avril 2009 Une Terre, une famille Parc de la Villette – Paris, Avril – Septembre 2010 La solidarité investit la Bourse Palais de la Bourse – Paris, Novembre 2010 Chemins Parallèles Station RER Luxembourg – Paris, Septembre 2010 – Janvier 2011 Reza, Entre Guerre et Paix Berges de la Garonne, Toulouse, Septembre – Novembre 2012 Chant de Café Quais de Seine, Paris, Juin – Octobre 2013 Fenêtres de l’âme Corse : Bonifacio – Bastia – Corte, Juin – Septembre 2013

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